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Potron minet
Article de Loupzen
Je vous offre ce bon jour à venir en guise de salut, inquiet de ne plus vous voir, c'est dans la nature endormie que je vous ai retrouvée.
Des murmures d'animaux et des bruissements d'arbrisseaux m'ont guidés dans cet épais brouillard d'un hiver installé, bien décidé à protéger des visites inopportunes ceux qui s'y sont réfugiés .La mélancolie accompagnant les tristes gels, efface la chaleur d'un ami qui fut présent à vos cotés.
les brumes matinales sont pour se cacher l'endroit idéal.
Le franc bonjour d'un ami est comparable aux premiers rayons de soleil qui fait voler en éclats les brumes providentielles.
Passerez-vous ce jour comme vous l'espériez et pour vous comment a t'il débuté ?
À grands coups de café dés potron-minet où comme chez les Dames Huguette en pauitrou-jaiquai ?
Cet animal friand de noisettes, aurait-il en votre Bourgogne natale, délaissé ses friandises pour grappiller les grains noirs qui font de ces cépages le nectar que les dieux raffolent ?
Potron-minet au XVIIe siècle, cette expression se disait "Dès potron-jacquet", le jacquet étant l'écureuil, petite bestiole sympathique ayant la particularité de commencer à s'activer très tôt le matin.
Quant au mot potron, il est une déformation de poistron qui vient du latin posterio qui veut dire postérieur ou derrière, cet endroit charnu sur lequel nous nous reposons et sur lequel nous posons nos regards concupiscents.
En clair, l'expression originale veut dire "« dès que l'on voit poindre le derrière de l'écureuil »..
La désertification des campagnes au cours des siècles a vu le chat domestique remplacer notre animal empanaché. Le Jaquet est devenu Minet.
C'est donc la présence du cul d'un greffier qui ouvre les hostilités matinales.
Mais alors que fait Chanteclair ? Aurait-il délégué ses pouvoirs de " branle-bas de combat ", fatigué d'avoir, depuis des siècles tel un muezzin depuis son minaret, pousser son cri pour nous faire lever ?
En a-t-il eu ras la crête de s'époumoner à tue tête et de crier ses "cocorico" à tous les dodos ?
Il semblerait que oui, à en croire le témoignage d'une pierre qui roule : I I am the little red rooster, too lazy to crow 'fore day "Je suis le petit coq rouge, trop paresseux pour chanter avant l'aube".(les Rolling stones).
Le coq en réveil matin flémard, je n'y crois pas. J'aurais tendance à croire que c'est un animal qui par expérience a compris que pour vivre vieux et profiter de ses prérogatives, il est préférable de ne pas attirer sur lui trop d'attentions.
Le pays reconnaissant à ce Gallus gallus domesticus lui a collé l'étiquette d'étendard de la nation française bien contre son gré, faisant de cet animal beau et curieux qui inspire le respect dû à sa bravoure
Il est connu pour son noble travail : celui d’éveiller les paysans aux premières heures du matin et quoiqu'il arrive, de chanter les deux pattes sur un tas de fumier .
Il sait, LUI, qu'à part de rares exceptions, FELIX le CHAT, ne finira pas à la casserole, LUI...Si, dans un bain de CHEVREY-CHAMBERTIN.En cette heure qui paraît idéale à un Paris qui s'eveille, signe que vous ne devriez n'avoir plus sommeil, c'est encore trop vous demander à quelle mode vous allez petit-déjeuner :
Vienoiseries ou pain grillé, tartine trouée et confiture qui dégouline, gateau maison, restes de repas de la veille oubliés, fruits frais ou exotiques piqués au chloredecone, pour mieux voyager, bacon et œufs brouillés....
Il fut un temps ou bien inspiré BECAUD chantait " et pendant ce temps là, la Méditerranée , joue avec ses galets" nous signifiant le peu d'importance que la nature nous porte alors que le reste de notre vie sera conditionné par les premiers pas efectués hors de notre lit.
Ces moments décisifs sur le reste des heures de notre journée, terribles et edifiants sur notre style de vie sont donc conditionnés par un Jaquet en mal de noisettes, par un minet nous montrant son Potron, par un Galus craignant de prendre son bain....je comprends en cet instant le bien être que vous éprouvez dans les brumes matinales qui sont pour se cacher l'endroit idéal.
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Commentaires
Comme quoi un mot, une expression peut nous faire voyager dans le passé pour rejoindre le présent !
L' écureuil avec cet hiver clément, va à la recherche des noisettes qu' il avait cachées, le coq se désespère d' être le seul à chanter l' aurore, et le chat se désintéresse de la gent trotte-menue !
Bonne soirée
Bises