Il est de bon ton de commencer cet article sur cette merveille calorique par un dicton qui m'a été donné par un vieux sage une fois : "Jour pluvieux, ou venteux, ou neigeux... Tartiflette sur le feu"...

Du coup il faut aussi que je vous raconte ma rencontre avec lui. Je l'ai croisé presque par hasard, au sommet d'une montagne. Il faisait froid, si froid. Des heures que je marchais, autour de moi, le brouillard. Mes orteils démissionnaient un par un, débauchés par les engelures, et je me disais que merde, c'était trop con ; je n'avais pas dégusté encore de ce divin nectar cette année (ambroisie mes fesses, les dieux grecs mangeaient du reblochon picétou, c'est les archéologues qui n'ont rien pigé). Désorientée, je me mis à rêver d'une cascade de reblochon fondu dévalant la pente des pommes de terre et d'oignons. Mes narines en vinrent à frémir, mais pas à cause de la fata morgana fromagère, non ! À cause d'une odeur de bergerie qui se néglige, de vieux crin, de poussière. Y voyant comme à travers une pelle, je cherchais en écarquillant des yeux la source de mon inconfort olfactif, vaguement inquiète.
Était-ce le dahut ? Le Yéti ?

Que nenni. Il m'apparut enfin.

"Bonjour croët mozet*. Je suis le dieu Reblöchøn. Tu as pensé à de la tartiflette, voilà ma méthode d'invocation. Le temps de ton apprentissage est venu."
Il m'a présentée aux autres dieux du panthéon Tartiflette, Högnøn (il en tient une telle couche que quand je l'ai vu la première fois j'en ai pleuré, mais il est mieux quand on le fait revenir), Påthåte (on la connaît pour les douze travaux tubercules, dans le milieu on l'appelle la fée Khülant, grand titre honorifique !), et Lårdøn qui a admis avoir un humour gras et donc dispensable.

Après un long et difficile apprentissage, je reçus le droit d'exercer la magie de la tartiflette en suivant un rituel strict. Je suis redescendue de la montagne (sans cheval, clap clap), et me voilà, prophétesse fromagère en ces temps troublés. RALLIEZ VOUS AUTOUR DU SAINT FROMAGE, MES FRÈRES ET SŒURS DE CROÛTE ! HARDIS PETITS, LUTTONS POUR LA LIBERTÉ DE TARTIFLER !
...

Ahem. Pardon, je me suis emballée un poil. La recette, donc.

La clé d'une tartiflette réussie c'est (sans surprise) le fromage. Choisissez donc de beaux reblochons, si possible fermiers (avec la pastille verte). Je donne des indications pour environ 4 personnes, mais c'est adaptable à l'envi.

Les ingrédients :
- 1 reblochon et demi
- 1 filet de 2kg de pommes de terre
- 2 gros (très gros) oignons jaunes
- pour les protéines : des lardons pour les carnivores, du tofu fumé pour les végés (environ 100g)

"Mais tu oublies la crème !". QUE. NENNI. Posez-moi donc ce pot de crème fraîche à vos pieds et faites trois pas en arrière, les mains bien en évidence, bande de criminels !! Une tartiflette bien faite n'a pas besoin de crème. Le secret c'est de sortir le reblochon du frigo 2 à 3 jours avant de le cuisiner. Votre cuisine embaumera le vieux bouc, mais c'est pour votre bien, promis !

Méthode :

1. Nettoyer les pommes de terre et les mettre dans une cocotte minute avec un peu d'eau et du gros sel. Les faire précuire environ 5 minutes, après que la soupape se soit mise à tourner.

2. Pendant que les pommes de terre cuisent, émincer les oignons et les faire revenir dans un peu d'huile avec le tofu. Si vous prenez des lardons, pas besoin d'ajouter de la matière grasse, mettez juste les lardons en premier pour leur faire rendre un peu de gras.

3. L'idéal ensuite c'est d'éplucher les pommes de terre, de les couper grossièrement et de les faire revenir un peu avec la protéine et les oignons, que ce petit monde s'amuse ! Mais vous pouvez aussi simplement disposer une couche de pommes de terre dans un plat, puis les oignons et la protéine, et enfin une autre couche de pommes de terre.

4. C'est le moment de l'entrée de la star du plat : le reblochon. Raclez simplement la croûte, veillez par contre à bien enlever la pastille, puis découpez le reblochon en deux dans le sens transversal. Le but c'est d'avoir deux "ronds" de reblochon. Disposez-le croûte vers le haut, afin que la crème du fromage soit contre les pommes de terre. L'idéal c'est de recouvrir presque complètement les pommes de terre.

5. Enfournez, jusqu'à ce que la croûte soit croustillante (testez avec la pointe d'un couteau) et légèrement dorée.

6. Une fois sorti, vous n'avez plus qu'à vous régaler !

*"Petite musaraigne", en arpitan (patois Savoyard)

Vous pouvez suivre la même recette avec des crosets, qui sont des pâtes savoyardes (il est essentielle de précuire les crosets avant) ; cette recette porte le nom de crosiflette. Peut-être avez vous déjà goûté les deux recettes, aussi si vous le voulez bien, prenez 2 secondes pour répondre à notre sondage qui se trouve dans le menu à gauche : préférez vous la tartiflette ou la crosiflette.

Ah, la Corse... Ses eaux bleu turquoise, son légendaire maquis, les châtaignes et le son des voix d'hommes chantant leurs longues complaintes ! 

(ça ne donne pas du tout envie, hein ?) 

Il y a quelques temps, un natif de là-bas m'a fait découvrir des petits biscuits secs aux différents parfums, appelés Canistrelli. Il se trouve que c'est tout simple à faire, et déclinable à l'infini : nature, chocolat, figues, châtaignes, cédrat... La recette est toute simple (si, si, c'est quelqu'un qui n'aime pas cuisiner qui le dit ! Deux fournées sont en train de refroidir à l'instant !), et parfaite pour agrémenter la table de Noël de petites gourmandises à plonger dans le café et/ou la tisane :)
En plus, cette recette est sans oeufs, parfaite pour nos ami.e.s vegan.e.s !

Pour environ 50 biscuits, il vous faut : 

500g de farine
200g de sucre (j'en ai mis 125g, c'est bien assez !)
2 sachets de levure chimique 
20cl d'huile végétale (chez moi tournesol à 70% Olive 30%)
25cl de vin blanc (c'est ce qui donne le croustillant)

Pour mes deux fournées, j'en ai fait 50 nature et 50 à l'eau de rose. J'ai pris de l'eau de rose Cook, trouvable en magasin bio. Normalement il faut 2 bouchons pour 1L de préparation, mais allez-y franco, ça ne se sent que très légèrement ! 

Pour la fabrication de la pâte : dans un saladier, mettre la farine, la levure et le sucre, bien mélanger. Ensuite rajoutez l'huile, puis le vin blanc, et l'arôme ; mélanger aux doigts, comme pour une pâte sablée. Etaler la pâte sur un plan de travail de façon à ce qu'elle fasse environ 1cm d'épais, découper à l'emporte-pièce (traditionnellement en rectangle) et disposer sur une plaque recouverte de papier sulfurisé. Mettre au four à 180°C, pendant environ 15 à 20minutes, sortir les canistrelli quand ils sont légèrement dorés.

Et voilà ! Le plus dur, c'est de ne pas les déguster tout de suite ;) 

Bon appétit ! 

(source : CuisineAZ)

Et pour finir un massage des oreilles :) 
Je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année !