• PARTIE I - CHAPITRE II

     

    TRANSFORMATION

    Axide s'étonne à peine d'atterrir à Norbulingka au Tibet où le dalaï-lama résidait avant que la Chine annexe son pays, et qui l'a obligé à s'exiler en Inde ; quoiqu’il se dit que s'il s'était agit de lui, il aurait plutôt opté pour Lhassa qui est une ville symbolisant la destruction et l’extinction des voies spirituelles ; depuis que Mao Zedong a envahit ce pays, qui selon lui avait toujours été chinois.

    « Ainsi, Héléna a choisit l'emblème de l'expatriation ; se dit Axide. Alors j'ai peut-être des chances de la faire revenir à la raison. Il me faut tout de même jouer avec finesse, car ce choix qu'elle a fait de venir se réfugier ici est tout de même à double sens, pense-t-il. Ce lieu est à la fois à l’image d’un grand maître spirituel et en même temps le reflet du chaos pour les bouddhistes. Mais je ne pense pas qu’elle ait idée de nous détruire, sinon elle aurait échoué à Lhassa ; du moins je l’espère », réfléchit-il. « à moins que tout cela n’est aucun sens pour elle. » pense-t-il circonspect.

    Ayant médité sur la meilleure stratégie à adopter pour s'adresser à Héléna, Axide tente de lui faire entendre raison, en voulant lui expliquer ce que Capucine a découvert. Mais ses tentatives sont vaines et après cinq longues minutes pendant lesquelles il essaie désespérément de glisser deux mots dans les propos houleux de la fée, il opte pour une autre façon de l'approcher ; jouant le tout pour le tout en l'a prenant par les sentiments.

    « Héléna ! Tu dois absolument m'écouter, c'est important, l’implore-t-il.

    - Qu'est-ce t'as l'ange ? Tu ne comprends pas que j'en ai rien à faire ? questionne Héléna avec brutalité, les traits ravagés par sa haine grandissante.

    - Mais bon sang ! Tout ça n'est qu'un coup monté de Génard, tente-t-il de lui faire entendre tout en joignant ses mains dans un signe de prière.

    - Foutaises ! répond-elle dédaigneuse, les yeux révulsés.

    - Héléna ! Écoute au moins ce que nous avons découvert ; lui conjure-t-il sur un ton persuasif en s'agenouillant devant elle.

    - Je n'ai que faire de ton baratin, t'es sourd ou quoi ? dit-elle excédée en le toisant du regard.

    - Ta sœur ne t'as pas trahit. Génard… cherche-t-il a lui expliquer hardiment.

    - TAIS TOI TE DIS-JE!!» Héléna élève de plus en plus la voix, pleine de hargne ; elle pâlit sous l'emprise du sentiment de vengeance qui la ronge tout entière. «Ça fait mal à tes petites oreilles que j'hurle ? Comment veux-tu que je fasse autrement ? Tu ne veux pas m'entendre ! Alors écoute-moi bien l'ange », susurre Héléna d'une voix sadique « Je vais vous réduire en bouillie toi et ta bande de marsouins. Comme vous êtes de mèche avec Capucine, vous allez tous me payez l'assassinat de Victor.

    - Tu es sous le coup de la douleur, ne sois pas aussi haineuse ; » dit-il d'une voix douce et compatissante en même temps qu'il cherche à l'emplir de l'amour divin que le Grand-Tout envoie. « Regarde la vérité en face » ; continue-t-il tout en lui envoyant les images de ce qui s'est vraiment passé, espérant la faire fléchir. « Capucine n'a pas… essaye-t-il de la raisonner dépité par sa réaction.

    - Ferme-la ! Disparaît ; crie-t-elle pleine d’amertume. Elle regrettera son meurtre celle-là ! J'en ferai mon dessert de cette petite garce ! Qu'elle se prépare à mourir dans d'atroces souffrances ; promet-elle mauvaise, en même temps que ses yeux s'emplissent de noirceur. Mais avant, je veux qu'elle vous voit tous périr les uns après les autres, ainsi elle verra ce que c'est que de perdre les êtres qu'on aime ! Vas leur transmettre mon message ; et sois heureux, c'est la seule raison pour laquelle je te laisse la vie sauve pour l'instant. » termine-telle en levant le poing.

    Axide les yeux emplit de tristesse observe Héléna, et son âme se déchire en la voyant ainsi se transformer.

    « Finalement la symbolique est claire, quant au choix de Norbulingka ; se dit-il. Voir son peuple mourir tout en étant obligé de se cacher ; rien de plus terrible ! » pense-t-il désenchanté.

    « Dégage minable. » rugit-elle en voyant qu'il est encore là, à la contempler. « J'ai des choses à faire ! »

    Héléna qui déjà n'est plus la même assène cette dernière réplique avec un rire glacial ; un rictus machiavélique scotché à sa bouche, qui déforme tout son visage. Comme pour confirmer ses paroles le soleil, sans préavis, disparaît apportant une atmosphère froide et suffocante. Axide, résigné, se retire avec un dernier regard sur le ciel qui a pris une couleur d'encre noire.

     

    Pas une étoile !

    Pas une lueur !

    Le noir est total.

    La pénombre s'installe sur tous les continents.

     

    De manière anormale, la Terre entière est engloutit dans l'obscurité ; comme si le soleil avait définitivement donné son congé. Comme si cet astre salvateur qui permet toutes vies s'était éteint à jamais. Pire encore, même l'hémisphère où logiquement la nuit a court ; le ciel se trouve littéralement dépourvu de toutes lumière ; donnant l'impression que tous les astres, toutes les étoiles se sont volatilisées. Une sensation de fin du monde sévit, laissant la Terre dans un gouffre d'épouvante. Nombre d'humains, surpris dans leurs activités, se recroquevillent sur eux-mêmes, en mettant la tête dans leurs mains. Ils sentent un froid glacial entrer dans leur corps, qui se répand jusque dans leurs os. Grelottant, ils perçoivent l'anormal, mais ne comprennent rien à ce qui se passe.

    Aucune éclipse n'a été annoncée pourtant !

    Que se passe-t-il ?

    Toutes les organisations de tous les pays sont sollicitées pour donner des explications à cet événement. Le monde entier est en ébullition. Malgré la contribution des plus grands experts, personne n'a de réponse. Les chaînes radios, télévisuelles, tournent en boucle, commentant l’événement. Des personnages de tous acabits en profitent pour donner leurs interprétations, annonçant la fin du monde. Quand soudain toutes les communications s'interrompent, les lumières et toutes les sources d'énergie cessent de fonctionner plongeant la terre dans une pénombre encore plus profonde, dans un silence angoissant. Même les torches refusent de fonctionner.

    Alors, à tâtons, les Hommes, pétris de terreur, se rassemblent. Certains ont des bougies qu'ils allument, d'autres font des feux de bois, apportant ainsi un soupçon de chaleur dans les cœurs.

    Tels les papillons de nuit, de plus en plus d'humains s'agglutinent autour de ces sources de lumière. Certains, même, se mettent à prier en demandant la protection.

     

    La peur règne dans toute sa puissance. Elle est reine.

     

    Elle imprègne tellement l'humanité qu'elle en est palpable. On s'attendrait presque à la voir jaillir des flammes telle une déesse colérique, tant elle est omniprésente. L'ambiance est si étrange que personne ne s'étonnerait de la voir prendre vie. Même les flammes des feux, semblent aussi terrorisées que les humains. Elles n'osent pas trop se montrer et éclairent timidement autour d'elles. Les éléments se fondent et s'imbriquent les uns dans les autres. Dans ces instants tragiques, tout ne fait plus qu'un contre cette obscurité diabolique.

     

    Alors que tout, lutte contre ce mal qui s'installe, le froid glacial se fait plus incisif, l'obscurité encore plus profonde. On se demande comment cela est possible, mais la réponse se trouve dans les flammes elles-mêmes, qui envers et contre toute attention, refusent d'éclairer. Cela en devient de plus en plus flippant, car elles prennent une couleur sombre et n'envoient que du froid. Cette étrangeté amène avec elle un vent de panique ; qui grossit et gagne du terrain, laissant une impression que plus jamais le soleil n’apparaîtra, que plus jamais les étoiles ne brilleront dans le ciel et que la fin de l'humanité est poche.

     

    Que tout est lugubre tout à coup sur Terre !

     

    Des pleurs, des hurlements surgissent de toutes parts sur la planète et augmente la sensation de terreur. Les corps tremblants, roulés en boule, se collent les uns contre les autres. Le moindre bruit anormal arrache des cris de frayeur.

     

    Héléna, qui observe les scènes, rit à perdre haleine. Son rire glauque et moqueur ne laisse rien présager de bon.

     

    Ce noir… ! Opaque... Obscur...

     

    Partout des choses sombres passent, traversent le ciel, les continents. On a l’impression que le diable ensemence la planète de toute sa noirceur. Les Hommes transpirent l'effroi. L'atmosphère est de plus en plus oppressante. De plus en plus de voix scandent des prières. Tel un tambour universel, elles s'unissent les unes aux autres, implorant la miséricorde des cieux. Si les circonstances n'étaient pas si terrifiantes, on aurait presque pu s’attendrir devant l'unisson de ces voix qui relie l'humanité et toutes choses. On aurait pu voir la beauté de cette entente universelle ; mais la noirceur qui imprègne tout, empêche les êtres de découvrir que leur union est une grande force.

     

    Même les pilleurs, qui en temps normal auraient profité de cette aubaine pour dévaliser les boutiques, restent tranquilles, n'osant pas commettre leur larcin. Ils vont jusqu'à joindre leurs voix à celles des autres. Les caïds d'autrefois, sont aujourd'hui, tout autant apeurés que leurs congénères.

    Pour autant, malgré cette intensité dans les prières, malgré cette union dans toutes choses, la peur reste dominante et le ciel est toujours aussi noir !

    L’angoisse se répand. Elle gagne encore plus de terrain. Les pleurs prennent plus d'ampleur. Le frisson d'épouvante est tel qu'il s'insinue chez les bébés, qui à leur tour hurlent à pleins poumons. Les mères terrifiées ont beau s'affairer auprès d'eux, tenter de les apaiser, rien n'y fait.

    Les enfants poussent des cris de plus en plus stridents, ressentant dans leur sang, le froid glacial qui recouvre la Terre. Comme si l'atmosphère n'était pas assez étrange et terrifiante, partout sur la planète tous ceux de moins de huit ans se mettent en position fœtale et poussent des gémissements de douleurs. Des larmes, à trancher l'âme, coulent sur leur doux visage juvénile qui est marqué par le poids d'un savoir ancestral. Recroquevillés sur eux-mêmes, leurs yeux s'emplissent d'une immense gravité. Les adultes peuvent voir dans leur regard le plus grand des désarrois ainsi que la réponse à leurs craintes. Les enfants savent, c'est indéniable. Ils sentent que plus jamais rien ne sera comme avant. Ils savent que le temps de l'insouciance, de la magie est révolu, comme s'ils portaient en eux la mémoire de la prophétie d'Aurore. L'évidence de leur savoir saute tellement aux yeux de tous les parents terriens, que ces derniers tombent à genoux devant leur enfant en leur demandant pardon. Pourquoi demandent-ils pardon ? Ils ne savent pas. Pourtant c'est la seule chose qui leur traverse l'esprit.

     

    Vingt-quatre heures...

     

    Vingt-quatre longues heures de cette atmosphère pesante, quand un rire aussi coupant qu'une lame d'acier bien aiguisée tranche l’obscurité. Il traverse chaque cellule des êtres vivants. Chacun se sent transpercé par quelque chose d'obscur, qui remplit la sève des arbres, le sang des Hommes. Cette sensation gagne peu à peu tout le règne animal, végétal, minéral. Le vent choisit cet instant pour se lever. Il souffle toute sa colère de voir ainsi la Terre ensemencer de noirceur. Les bourrasques de plus en plus fortes éteignent les feux. Les éléments se déchaînent.

    À l'heure où pour certains continents les premiers bourgeons naissent, où les premiers coucous apparaissent ; pluies des plus torrentielles et chutes de neige se disputent la première place, inondant les champs où les jeunes pousses des plantations commençaient à poindre, recouvrant la Terre d'un épais manteau blanc. De partout surgissent humains et animaux qui cherchent un refuge pour se protéger de ce déchaînement violent. Tous s'agglutinent les uns contre les autres. Il n'est plus question de chaîne alimentaire. Il n'est plus question de racisme. Il n'est plus question de peurs de la différence. Tout être vivant confondu se rapprochent, recherchant par le contact à se réchauffer mutuellement, à sentir de nouveau la chaleur couler dans leurs veines. Mais ils ont beau se coller ainsi, la sensation de froid reste profonde. On ne pourrait dire si c'est la peur ou le froid qui les fait grelotter de tout leur être. Certains sont tellement piqués à vif que leurs dents s'entrechoquent malgré eux. Dans les regards se lisent l'incompréhension et la terreur. L'heure n'est plus à la prière. Tous se demandent ce qu'ils vont devenir.

    Les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures. Le temps s'étire à l'infini semblant se fondre littéralement dans le néant.

    De nouveau le rire lugubre surgit de la pénombre. Il se fait entendre encore, encore et encore. Il dure une éternité.

     

    Puis vient le silence…

     

    L'oreille aux aguets tous écoutent ce silence ; courbant encore plus l'échine, rentrant la tête dans les épaules, s'attendant au pire. Que va-t-il se passer encore ? Ne peut-on mettre un terme à ces atroces souffrances ? En finir une fois pour toute ? Pourquoi le sort s'acharne-t-il ainsi ? À croire que cette chose horrible se délecte de ces douleurs qui émergent de chaque être vivant. À croire qu'elle s'en nourrit.

     

    Pourquoi ne donne-t-elle pas l’assaut final ?

    N'est-elle pas repue ?

    La tension est tangible dans chacun.

     

    Malgré l’effroi et l'attente fataliste de l'extinction de tout ; le silence demeure. Même les éléments semblent s'être apaisés. Alors, dans les yeux terrorisés, apparaît une lueur d'espoir. Personne n'ose encore parler ni bouger, de crainte que toutes ces horreurs ne reviennent. Pourtant le calme est bien de retour. Tout est paisible, balayant le souvenir des pensées précédentes.

     

    Comme tout être vivant, l'humain a cette force inouïe en lui de vivre le renouveau. Alors des murmures commencent à s'élever, doucement, timidement. L'espoir gagne du terrain.

    Au loin une lueur se met à poindre. Peu à peu la pénombre disparaît. Le soleil enfin est de retour. Les hommes se relèvent. Les habitations s’illuminent. La vie reprend avec dans les cœurs un arrière-goût d’étrange.

     

    Les eaux qui ont inondé les terres disparaissent instantanément, la neige se volatilise, le vent s'apaise ne laissant plus trace de l'expression violente des éléments. Comme par enchantement, en même temps que toutes traces des intempéries s'envolent, la mémoire de ces instants tragiques est effacée. Seuls quelques humains gardent un arrière-goût de quelque chose d'anormal, de malsain, sans bien savoir de quoi il s'agit.

     

    *

    Les choses changent sur Terre. Héléna assouvit son besoin de vengeance. Ce faisant Capucine doit se retirer dans la cinquième dimension avec nombre de ses amis en attendant que des jours meilleurs arrivent.

    Nous sommes en deux-mille-douze. Le cap annoncé par les Mayas vient d’être passé avec perte et fracas sans qu'aucun humain ne garde le moindre souvenir. Personne ne se souvient de cette éclipse totale du soleil. Personne ne se souvient de l'étrangeté de ces dernières vingt-quatre heures. Personne ne sait ce qui se joue en coulisse. Pourtant le devenir de l'humanité est en péril.

     

    * Vincent *

     

    Pendant que la terre connaît ces heures d'éclipse totale, quelque part au sud de la France, dans les Corbières exactement, Constance se tient debout devant la grotte où elle vit avec sa famille. L'obscurité les a saisis à la même façon que le reste de la planète. Constance a allumé un grand feu dans la grotte pour réchauffer l'ambiance et apporter un peu de luminosité. Contrairement aux autres endroits, les flammes ont jaillit sans peine et éclairées de bonne volonté. Comme si, à cet endroit précis, existe un no man's land. Bien sûr, Constance n'a pas conscience que le reste de l'humanité est dépourvue de cette chance ; puisque là où elle habite avec sa famille, non seulement elle n'a pas de moyen de communication, mais en plus elle ne peut s'imaginer qu'une protection les chapeaute ; les mettant ainsi à l'écart de toutes atteintes, dans cet abris où ils ont élus domicile avec Jean, son mari.

    Cela ne l'empêche pas d'être inquiète au sujet de son époux, dont elle guette le retour avec impatience. Elle trépigne sur place, angoissée à l'idée de le savoir dehors, en prise avec les intempéries. Habituellement, elle ne se fait pas autant de soucis, mais là, la violence des éléments la laisse dans un état d'affolement frisant l'hystérie. Elle regarde en direction des arbres qui bordent la prairie, cherchant à deviner la présence de Jean. Des éclairs zèbrent le ciel. Elle espère qu'il a pu se mettre à l’abri, si tant soit peu il a pu en trouver un qui puisse résister à ce déferlement de la nature. Elle finit par apercevoir une silhouette au loin et devine plus qu'elle ne voit, qu'il s’agit de son époux. Son cœur s'illumine, l'esprit rassuré de le voir sain et sauf. Déjà, elle se rêve lover dans ses bras et rire avec lui de ses craintes. C'est vrai que ce n'est pas la première fois que Jean s'absente ainsi pour aller au ravitaillement afin de se procurer ce qu'ils ne produisent pas sur place ; comme le chocolat dont elle et son fils sont très friands, ou la farine que des producteurs locaux leurs fournissent contre des paniers en osier que Constance confectionne. Et bien sûr que dans ces occasions, il est déjà arrivé que Jean soit soumit aux emprises de la météorologie. Mais là, elle ne pouvait s'empêcher d'être submergé par des ouragans d'angoisses ; craignant le pire tant la météo se déchaîne comme jamais. Rassurée, elle rit franchement de sa bêtise et se dit que ce sera une anecdote à raconter à leurs enfants plus tard, au coin du feu. Elle voit déjà le regard complice de Jean qui en relatant l'histoire, la taquinerait gentiment. Elle sent en elle un élan d'amour pour son époux et se réjouie de leur vie, même si parfois il faut contrer les éléments, comme aujourd'hui. En même temps qu'elle se sent réconforté par sa présence imminente, elle lui fait de grands signes avec les bras ; lui signifiant sa joie et sa fébrilité de le revoir. Elle ne le voit pas très bien dans la pénombre, mais elle est persuadée que grâce aux flammes du foyer, lui peut la voir.

    Malheureusement, la quiétude de Constance est de courte durée. Les éclairs se font de plus en plus violents. Le tonnerre gronde encore plus fort. Les éléments s'emportent, se disputant le première place à qui mieux-mieux ; lorsque tout à coup la foudre s’abat sur l'un des gigantesques chênes qui ornent la prairie avoisinante. Constance veut hurler pour alerter son mari, mais le cauchemar qui se déroule sous ses yeux la tétanise sur place. Aucun son ne sort de sa bouche. Même ses membres refusent de répondre aux ordres transmis par son cerveau. Elle assiste à la scène incapable d'agir, totalement démunie, regardant l'inéluctable issue de ce drame.

    Jean qui s'imaginait déjà enlacer sa femme et la couvrir de baisers, en lui racontant ses péripéties au travers de ce déluge, se noie dans le chagrin. Aura-t-il l'occasion d'aimer son épouse encore une fois ? Pourra-t-il la serrer dans ses bras en racontant avec espièglerie, à leur progéniture, l'attente angoissée de Constance, alors qu'il était entre les mains de ce cataclysme ? À cette idée, un soubresaut de courage l'assaille et il sent l'adrénaline le galvaniser. Il met tout ce qu'il a dans les tripes pour s'en sortir et retrouver au plus vite sa famille. Mais il a beau réunir toutes ses forces, toute sa volonté pour éviter l'impact, il ne peut pas nier l'évidence. Dans sa tête tourbillonnent mille pensées, mille souvenirs, mille regrets, dont celui de ne pas avoir pressentit ce qui se passe, de ne pas être rentré plus tôt, de ne plus être présent pour voir ses enfants grandir, sa femme vieillir auprès de lui. Le film de sa vie se déroule depuis sa tendre enfance jusqu'à ce moment précis. Son cœur se serre. Tout va trop vite. Il réfléchit à la meilleure façon d'éviter la mort certaine qui vient déjà le cueillir, mais les lois de la physique sont incontournables. Il sait que rien, si ce n'est la magie, ne peut les contrer. Il ne s'avoue pas vaincu pour autant, réfléchissant à toute vitesse à la meilleure façon de déjouer les événements. Il entend le craquement sourd du bois qui flanche, le hurlement du poids considérable du vieux chêne qui rend l'âme. Il mesure, calcule l'amplitude de l'arbre, tentant de trouver le meilleur endroit pour éviter l'impact.

    Constance a la sensation que le temps s'est arrêté. Elle prie pour que son époux parvienne à s'éloigner suffisamment. Tous ses sens en alerte, elle perçoit ses pensées, ses mouvements. Les éclairs continuent à percer le ciel, éclairant la prairie. Le tonnerre gronde de plus en plus fort, renforçant l'horreur qui se déroule en cet instant pour eux. Impuissante, elle regarde Jean se démener. L'arbre termine sa chute avant même que son époux n'ait pu atteindre l'autre extrémité de la clairière et ainsi esquiver le choc. Constance hurle et tend les mains, comme si du bout des doigts, elle pouvait tout changer. Son cerveau se déconnecte quelques secondes. Dans sa tête une scission s'opère, Jean est mis de côté ainsi que tous les sentiments qu'elle a pour lui. Lorsqu'elle retrouve ses esprits, Constance est déjà autre. Elle court vers lui le cœur serré, ne contenant pas les larmes de rage qui l'envahissent. Elle l'espère épargné ou juste blessé, mais se prépare en son for intérieur au pire. Les branches éparses, semées par les bourrasques de vent, ralentissent son allure et elle peste tout ce qu'elle peut contre ces foutus bouts d'arbre qui se mettent sur son chemin. Constance a l'impression que ces quelques dizaines de mettre qui la sépare de Jean se transforment en kilomètres. Elle fulmine intérieurement, écrasée par le torrent de larmes qui s'écoulent de ses yeux.

    « Je vous en prie, faites qu'il soit vivant », implore-t-elle en avançant péniblement. Elle tourne cette phrase en boucle dans sa tête comme si cela allait conjurer le sort.

    Mais lorsqu'elle arrive, elle ne peut qu'assister au dernier souffle de son mari. Ils n'ont même pas eu le temps d'échanger un dernier mot, un dernier baiser, un dernier regard. Constance suffoque. Elle se morigène, se reprochant de ne pas avoir été assez vite et tombe à genou à côté de son époux. Elle pose sa tête sur son torse et s’effondre de douleur ; en même temps qu'elle sent peu à peu la chaleur quitter le corps de Jean. Hagarde elle regarde le déchaînement des éléments. Elle se sent assaillie par moult ennemis invisibles. Elle pressent que cette violence n'est pas tournée contre les Hommes. Elle perçoit le surnaturel dans cette tourmente.

    « Quelque chose a certainement dû déclencher cette colère de la nature ; se dit-elle au bord de l'évanouissement. C'est comme si l'ombre avait pris le dessus sur la lumière », pense-t-elle hébétée.

    « Comment allons-nous faire ? Jean réveille-toi maintenant. », dit-elle à haute voix d’un ton enfantin, comme s’il pouvait l’entendre.

    Constance divague et se refuse de croire en sa mort, espérant qu'il ne s'agisse que d'un cauchemar. Son esprit part à la dérive un bon moment.

    La pluie battante, qui l'atteint dans sa chair, la ramène à la réalité. Elle reçoit, tel un coup de poignard dans son ventre la mort, de Jean. Elle hurle de toute ses forces, déchirée jusque dans ses entrailles par la perte de son époux, lorsque de violentes contractions la ramènent à elle-même, à la vie qu'elle porte. Le temps d'un éclair, un vent de panique traverse son regard.

    Constance n'a pas le temps de se lamenter sur elle, ni sur son défunt mari. Déjà elle perd les eaux. Elle n'a pas le temps non plus de regagner la grotte. Ses pensées l'échappent de nouveau pendant qu'elle s’accroupit pour mettre son enfant au monde.

    « La grotte est ornée de fleurs aux couleurs flamboyantes dégageant un parfum délicat. Des bougies éclairent les lieux, diffusant leur lumière douce et sereine. Sylvanos jouent du violon accompagné par sa femme à la flûte. Tous deux se tiennent debout près des fauteuils d'osier qu'elle a confectionné l'hiver dernier. Son lit est recouvert de magnifiques voilages, ornés de fleurs en papier, que les autres femmes du clan ont réalisées pour la venue de l'enfant. Pendant que les femmes s'affairent à préparer les linges pour l'accouchement, le berceau du nouveau-né ; les hommes remplissent l'énorme baignoire creusée dans la terre, où bientôt elle se glissera avec Jean pour mettre au monde le nouveau venu... »

    La pluie froide et violente qui dégouline de ses vêtements la ramène de nouveau à l'instant présent. À trente-cinq ans elle se retrouve veuve. Elle pleure son bien aimé qui ne connaîtra pas leur petit. La nostalgie l'emplit. Chassant de son esprit ce sentiment, elle se concentre sur la naissance de sa progéniture. De nouveau la scission s'opère.

    Constance accouche d'une fille avec trois semaines d'avance. La petite naît sous les trombes d'eau, près du corps inanimé de son père. Et, comme si déjà elle comprend toute la portée de ce qui se passe, elle sort en silence du ventre de sa mère. Constance, le regard totalement absent de ce qui l'entoure, renoue avec les pratiques ancestrales. Elle extirpe le couteau de sa poche et coupe le cordon ombilical, puis elle porte l'enfant à son sein, qui s'y accroche goulûment. Pendant qu'elle l'allaite, elle réfléchit à un prénom à lui donner. Avec Jean ils ont choisi d'attendre la venue de leurs enfants pour les nommer, préférant ainsi accueillir l'inspiration du moment. Il en fut ainsi pour Yodanne leur fils aîné, âgé de huit ans maintenant. Mais là, rien ne vient. Aussi se laisse-t-elle guider par son instinct d'attendre pour recevoir le bon prénom pour sa fille.

    Entourant la nouvelle venue de tout son amour, elle lutte contre les trombes d'eau et les rafales de vent qui ralentissent sa marche, pour aller mettre sa fille à l'abri dans la grotte. Le vent glacial plaque les gouttes de pluie sur son corps. Constance cache la petite dans sa parka et la tient tant bien que mal contre elle, tout en avançant avec difficulté. Ses mains occupées à tenir son enfant, elle ne peut se protéger de la rage des éléments. Le visage piqué à vif par la pluie, elle a la sensation d’être en feu. Elle baisse la tête pour se protéger un minimum, mais l’eau coule le long de sa nuque et provoque une vague de frisson désagréable le long de son échine. Elle sent la petite gémir et frissonner aussi et tente d’accélérer l’allure, mais le sol glissant l’en empêche et elle manque de peu de se retrouver parterre ; parvenant par elle ne sait quel miracle à tenir debout. Alors elle prend son mal en patience et avance plus prudemment. Elle a l’impression que ce chemin vers son antre n'en finira jamais. Quand enfin elle voit se dessiner l’entrée à travers le rideau de pluie, elle ne peut s’empêcher de pousser un soupir de soulagement. En franchissant le cap de l’entrée de la grotte, elle pousse un cri animal de victoire. Elle est frigorifiée, mais n’a pas le temps de s’occuper d’elle.

    « D’abord l’enfant », pense-elle.

    Alors elle prend l'eau qui chauffe en permanence sur le poêle et la mélange à l'eau fraîche de la source, qui arrive en contrebas de leur habitat. Puis elle fait une toilette rudimentaire au nourrisson. Constance agit mécaniquement, l’esprit vide de toutes pensées, le regard lointain. Elle inspecte sa fille, veillant à ce que tout aille bien. Elle vérifie ses réflexes et la réchauffe vigoureusement. Quand elle se sent totalement rassurée sur le bien-être du nourrisson, elle l'entoure de linges doux et moelleux ; puis la confie à Yodanne qui depuis qu’elle a franchit l’entrée de leur abris affiche un air grave, portant déjà en lui la conscience des choses. Yodanne toise sa mère du regard et une lueur de tristesse se grave dans ses yeux tandis qu’il décroche un pâle sourire comme pour les réconforter.

    Pendant que Constance s’occupe de sa fille, sans un mot, il lui prépare des vêtements secs et une tisane pour qu’elle puisse se réchauffer. Il a même sorti une serviette qu’il a posé près du poêle pour qu’elle se sèche. Elle est à deux doigts de partir de la grotte pour aller s’occuper de Jean, quand Yodanne lui tend le linge sec avec détermination. Alors Constance sans un mot s’affaire à se changer et avale la tisane tout aussi silencieusement. Elle s'attarde quelques secondes admirant son fils. Yodanne mesure un mètre quarante pour quarante-six kilos et chausse du quarante et un. Il promet d'être aussi grand et trapu que son père. Ses yeux bleus azur fixent sa mère avec intensité et disent tous les mots qui ne sortent pas de sa bouche. Il comprend la gravité de ce qui vient de se passer, malgré le silence de sa mère. Il ne pleure pas. Il se sent responsable de sa famille, prêt à endosser le relais de son défunt papa pour prendre soin d'elles.

    Constance qui s’était poser sur le fauteuil que son fils lui avait présenté avec fermeté, se lève et enfile une parka sèche. Il est temps de s’activer avant que le peu de courage qu’elle a encore ne la quitte ; alors elle part chercher la pelle dans le cabanon où sont rangés leurs outils de jardin.

    Avant de rejoindre Jean, elle jette un œil la grotte et croisant le regard de Yodanne, elle se décide à briser le silence dans lequel elle s'est installée depuis qu'elle a vu son époux mourir.

    « Prends bien soin d'elle. Elle devrait dormir jusqu'à ce que je revienne, dit-elle d’une voix tremblante n’effleurant même pas le sujet de son père, niant encore son décès.

    - T'inquiète m'man, lui répond Yodanne le regard grave.

    - Si tu as faim avant que je ne rentre, il y a la soupe sur le poêle. Fais attention à toi. Je t'aime mon fils, dit Constance pleine de lassitude.

    - Moi aussi m'man. On va s'en sortir. » lui assure-t-il bravement en la regardant avec compassion, tout en crispant la mâchoire comme pour contenir sa propre douleur.

    Constance sourit faiblement à son fils, elle a les traits tirés, le regard vide, le teint pâle. Elle sent ses entrailles se tordre et ne peux s’éterniser sur cette douleur qui la malmène ; même si comme toute femme qui vient de mettre un enfant au monde elle devrait se reposer. Elle doit se montrer forte devant son fils pour qui elle éprouve un mélange de fierté et de tristesse de le voir ainsi prendre des responsabilités réservées au monde des adultes.

    « C’est encore un gamin et pourtant il agit déjà comme un grand. » se dit-elle mélancolique.

    Elle ne peut réprimer un hoquet de douleur et pour masquer ce moment de faiblesse, elle détourne son regard vers la prairie où l’attend sa lourde tâche. Cela ne fait que renforcer le sentiment d’abattement qui lui opprime le cœur. Constance retient à grande peine les larmes qui ne demandent qu’à couler de nouveau et se dirige brusquement vers son fils. Elle le regarde avec tendresse et le prend dans ses bras en le serrant de toutes ses forces ; elle éternise son étreinte tentant de lui insuffler son amour de mère, puis elle marmonne quelques mot d’excuses et repart vers la clairière le pas lourd.

     

    Malgré son mètre soixante, sa frêle silhouette, Constance donne des coups de pelles vigoureux qui font ressortir les veines de ses bras musclés. À chaque pelletée, elle exhale un son rauque et guttural. La tâche n'est pas facile. La pluie poursuit son martèlement puissant sur la terre détrempée. Même si la pelle s'enfonce aisément, le ruissellement de l'excédent d'eau entraîne avec lui, ce qu'elle a déjà extrait de la dernière demeure de Jean, rebouchant ainsi le trou.

    Les cheveux plaqués sur son visage par la pluie qui ne cesse de tomber, elle creuse de plus en plus en colère. Les larmes qui déferlent de ses yeux n'aident pas à son ouvrage. Régulièrement elle les essuie avec la manche de sa parka, mais cela ne réussit qu'à brouiller encore plus sa vue.

    S'arrêtant quelques secondes, elle regarde le manège de la terre qui retourne dans le trou d'où elle l'a extirpée, comme si elle prenait un malin plaisir à contrecarrer son projet d’enterrer son époux. Constance grogne de mécontentement et commence machinalement à emmener la terre un peu plus loin du trou pour qu'elle ne retombe plus dedans.

    Elle renonce à sécher les larmes, qui se mélangent à l'eau de pluie, dont le flot intarissable coule sur son doux visage. Ses traits sont de plus en plus ravinés par la douleur. Parfois elle repousse une mèche de cheveux qui vient se mettre devant ses yeux. En vain. Agacée elle sort instinctivement un bout de ficelle de sa poche, puis se fait rapidement une queue de cheval. Elle agit par automatisme, le regard vide, où parfois traversent des émotions contradictoires.

    Constance lutte contre les éléments qui semblent se liguer pour compliquer sa tâche.

    « Tu ne trouves pas que s'est assez difficile comme ça ? hurle-t-elle totalement accablé, en levant les yeux au ciel.

    Elle est épuisée et s'octroie une pause, mais les vêtements trempés, plaqués contre son corps, la frigorifient, alors elle reprend son travail ; en poussant un juron.

    La terre se fait de plus en plus lourde tant elle est imprégnée d'eau ; elle reste collée à la pelle et cela devient un véritable calvaire que de creuser cette tombe.

    « Comme si la douleur de la perte de Jean ne suffisait pas ! marmonne-t-elle ; comme s'il fallait en rajouter des couches, pour que cette mort soit encore plus cruelle. Comme si ma souffrance n'était pas assez grande. » se lamente-t-elle éperdu de douleur.

    Constance se focalise sur cette fichue terre qui s'alourdit à chaque pelletée et qui s'accroche à la pelle comme à une bouée de sauvetage. Elle pleure de plus en plus, invectivant les éléments de l'accabler ainsi et d'augmenter sa peine et son labeur. Les muscles de ses bras sont de plus en plus douloureux, ses mains se couvrent de cloques qui ne tardent pas à s'enflammer et à saigner. Elle a envie d'hurler son désespoir ; ses larmes deviennent tellement grosses qu'elle ne voit plus rien du tout.

    Elle est au bord de l'évanouissement, et saigne de plus en plus suite à son accouchement. Son ventre la fait horriblement souffrir. Une peur panique s’empare d’elle en s’imaginant sombrer là auprès de Jean alors que ces deux petits sont livrés à eux-mêmes dans la grotte. Que feront-ils si elle meure maintenant ? Une violente douleur la saisie dans son bas ventre et un flot de sang s’écoule entre ses jambes. Constance pâlie encore plus, s’imaginant le pire. Elle sait que les efforts qu’elle fait pour enterrer Jean ne sont pas préconisés juste après une naissance et connaît les risques pour elle. Pourtant elle n’a pas le choix. Une autre contraction, encore plus violence que la précédente, la saisit et elle sent une autre vague de liquide s’écouler.

    « Si ça continue, je vais y laisser ma peau » se dit-elle prise d’une frayeur incontrôlable en pensant à ses enfants.

    Devant ses yeux des papillons noirs se dessine et elle manque de peu de sombrer ; quand un souffle chaud l'enveloppe. Elle se sent soulevée et totalement enrobée dans une masse duveteuse. Elle a l'impression de flotter dans l'air et se sent ressourcée. Elle se laisse porter par cette agréable torpeur, se demandant si elle n’a pas rejoint Jean de l’autre côté. Tout est si calme tout à coup ; et la douleur dans son ventre ne se fait plus sentir. Elle se sent si bien qu’elle en oublie tout le reste. Lorsqu'elle est complètement apaisée, elle a la sensation que les bras qui l'enveloppaient la repose à terre. Elle reste quelques instants abasourdie par ce qui vient de se passer, se demandant si elle ne venait pas d'avoir une hallucination. Elle doit certainement être entrain de passer l’arme à gauche et ses enfants vont se retrouver orphelins et sans défense. Elle commence à se faire des films se demandant comment ils vont s’en sortir quand de nouveau le souffle chaud l’enveloppe et la rassure sur sa santé. Elle se dit qu’elle est en plein délire ; mais la vigueur qui se dégage maintenant d'elle, lui confirme qu'il s'est réellement passé quelque chose de magique. Alors, elle s'excuse auprès de la terre de l'avoir autant injuriée et recommence à creuser de plus belle. Elle constate que même ses bras et ses mains sont indemnes, comme si elle commençait juste à l'instant son ouvrage. Quant à son ventre, elle a l’impression que tout est rentré dans l’ordre, comme si elle avait accouché depuis plusieurs mois. Elle pousse un soupir de soulagement et se rassure sur l’avenir de ses enfants. Elle sent intuitivement que ça ira pour eux trois.

    À peine terminé de creuser la tombe, qu'elle se dirige vers son mari. Elle tente désespérément de le tirer par les pieds, mais elle ne parvient qu'à peine à le bouger de quelques millimètres. Elle renouvelle l'expérience, ramassant toutes ses forces et ne parvient qu'à tomber à la renverse dans la gadoue. Elle s'enfonce presque littéralement dans la terre et se retrouve recouverte de la tête au pied de boue. En d'autres temps, cela aurait amusé son fils de la voir ainsi toute maculée et elle aurait volontiers rit avec lui. Elle aurait même forcé le jeu en s'en tartinant le visage. Mais là franchement il n'y a pas de quoi rire, loin de là ! Sur ses pensées, elle s’effondre, prise de sanglots devant son impuissance.

    Jean était un homme massif, très grand. Elle lui arrivait aux épaules et paraissait une poupée auprès de lui. Elle s'était toujours sentie en sécurité dans ses bras si tendres, malgré sa puissante morphologie. Comme elle aurait tout donné en cet instant pour se lover une fois de plus contre lui. C'était vraiment un homme extraordinaire et juste, qui connaissait chaque coin et recoin des environs. Il avait un contact avec la nature omniprésent. Elle qui venait de la ville ne connaissait rien de la vie de la campagne et il lui a tout enseigné sur les plantes médicinales, celles qu'on peut manger, les essences des arbres, le contact avec les animaux, la vie des temps lointains...

    « Jean tu me manque tellement » dit-elle entre deux sanglots.

    Un coup de tonnerre la ramène à l'instant présent. Levant les yeux au ciel elle croise le regard d'un vieux cerf qui l'observe avec intensité, son museau à dix centimètres de son nez. Dans ses yeux, elle peut lire toute la compassion qu'il a envers elle. Sa présence est réconfortante et elle se laisse imprégner par lui. Il est majestueux. Ses bois n'en finissent pas. Jamais encore un cerf ne l'avait approché d'aussi près. Jean souvent lui parlait de ses amis de la forêt, dont un vieux cerf généreux. Constance comprend qu'il s'agit de lui. Elle le regarde avec respect et s'incline devant lui. Elle peut voir la puissance de sa musculature, la douceur de son regard, la sagesse qu'il incarne, la connaissance qu'il porte en lui. Elle s'attend presque à ce qu'il lui adresse la parole. Le cerf reste quelques temps auprès d'elle poursuivant cet échange silencieux, puis, lentement, il se dirige vers le corps de Jean. Respectueusement le roi de la forêt baisse la tête, comme pour lui faire ses adieux et, délicatement, il le pousse dans l'immense trou creusé par Constance. Après un dernier regard sur elle, il s'éloigne. Il avance tranquillement comme s'il vénérait dans chacune de ses foulées l'âme de Jean. Constance peut voir chacun de ses muscles en action. Elle est totalement fascinée par cette rencontre. Elle murmure un faible merci pour son aide, le cerf choisit cet instant pour se retourner. Une dernière fois il s'incline face à elle, la regardant intensément avant de disparaître dans les bois.

    Constance reste un moment silencieuse. Agenouillée devant la tombe de Jean elle se laisse encore imprégner par la douce présence du cerf. Le froid qui la gagne de plus en plus, la remet en action. Elle récupère les restes de ses couches, puis place le placenta et le cordon ombilical aux pieds de Jean. Se munissant de nouveau de la pelle, elle s’attelle à reboucher la tombe. Ensuite elle piétine à l’endroit où est enterré Jean, afin de bien tasser la terre, ce qui n'est pas simple tant elle est remplie d'eau et Constance s'englue plus qu'autre chose. Pourtant elle continue presque mécaniquement pour que tout soit au même niveau, la tête vide de toutes pensées. Enfin, elle recule pour voir son œuvre et satisfaite, elle recouvre la tombe de feuillages et de brindilles afin que la sépulture ne soit point visible. Elle agit comme si elle bordait son nourrisson, avec tendresse et application et s'autorise à poser une belle pierre ronde, polie par le temps, qu'elle regarde amoureusement, seul signe distinctif de la dernière demeure de Jean sur Terre.

    Constance se sent vide, incapable d'éprouver de nouveau des émotions. Elle a la sensation que son cœur s'est éteint en même temps que Jean. Le regard dans le néant, elle tente de se raccrocher à ses enfants pour ne pas sombrer. Elle laisse ses yeux errer autour d'elle, quand son regard est attiré par un autre. Le cerf est là, face à elle, les membres solidement ancrés à la terre, le regard ferme lui rappelant ses responsabilités. Alors elle se laisse de nouveau imprégner par sa force pour poursuivre son chemin en remerciant le cerf pour son aide. Dans sa tête elle entend une réponse tellement nette qu'elle s'interroge sur son origine.

    « Jean a toujours été là pour moi, à mon tour de lui rendre la pareille. Je veillerai sur vous. » dit la voix avec douceur.

    Elle se demande si son esprit ne lui joue pas des tours quand de nouveau la voix lui parle.

    « Non, ce n'est pas ton imagination, c'est bien moi le vieux cerf qui te parle. À bientôt. » la voix rauque se fait de nouveau entendre et Constance se demande par quel prodige le cerf parvient à communiquer avec elle. Elle sourit timidement et lui fait un signe de la main en le regardant s'éloigner, puis elle s'adresse à Jean.

    « Puisse ton âme trouver la paix, dit-elle d'une voix monocorde. Ne t'inquiètes pas, ton ami le cerf veille sur nous, continue Constance la voix apaisée par cette affirmation. Je suis vraiment désolée pour cet enterrement rudimentaire et je ne sais même pas pourquoi j'ai tout fait pour cacher ta tombe. C'est complètement ridicule de ma part, poursuit-elle un soupçon de sarcasme dans la voix. Mais que je suis idiote, je sais bien que tu comprends cela sans problème ; et puis quelle importance, continue-t-elle en se moquant d’elle même. Oh Jean comment je vais faire sans toi ? demande-elle tout en retenant les sanglots qui affluent du fond de sa gorge. Merci, merci pour ce que tu as été et tout ce que tu m'as donné. Tu étais le meilleur mari que je puisse rêver et un père merveilleux. Oh Jean, si seulement tu pouvais revenir, si seulement tout cela ne pouvait être qu'un horrible cauchemar. » dit-elle en pleur.

    De nouveau une scission s'opère dans sa tête refusant cette vérité qui lui déchire le cœur. Elle se relève et vérifie qu'il ne reste aucune trace de son passage, se demandant intérieurement pourquoi elle avait ce foutu besoin de tout dissimuler. Était-ce sa façon à elle de rejeter les faits ? Était-ce une forme de déni ? Ses pensées tournoient à une vitesse folle dans sa tête, elle n'arrive même pas à en suivre le court. Malgré tout, elle continue sur sa lancée comme si tous ses agissements étaient normaux et évidents. Œuvrant dans le plus grand silence elle sent un souffle chaud sur son visage et quelqu'un murmurer à ses oreilles. Constance sursaute et regarde autour d'elle. Il n'y a personne. Elle chasse de la main l'idée saugrenue d'avoir entendu quelque chose, se disant que son imagination devait lui jouer des tours. Pourtant, depuis qu'elle est enfant elle perçoit des choses et entend des messages qui se sont toujours avérés répondre à des événements de sa vie. Elle appelle ces voix dans sa tête, les guides. D'ailleurs, même son fils a hérité de ce don. Malgré cela, elle ne s'y habitue pas et vérifie toujours si quelqu'un se trouve près d'elle. La voix s'élève de nouveau, paisible et harmonieuse :

    « Anaïa est importante pour le devenir de l'humanité. C'est la gardienne de la sagesse et un grand destin l'attend. Tu dois impérativement te tenir à l'écart des autres humains. Sa venue au monde doit rester secrète de même que la disparition de Jean. Nul ne doit connaître son existence, même dans le monde magique. » dit-la voix avec une douce fermeté.

    Ainsi donc, inconsciemment elle avait senti les choses ; d'où son comportement qui lui paraissait complètement fou ? Frissonnant de tout son corps Constance retourne à la grotte, pensive. Son pas est lourd. La terre détrempée n'arrange pas son avancée. Une tristesse profonde entaille son cœur. Alors une voix qu'elle reconnaîtrait entre mille s'élève et lui insuffle une force qu'elle ne se connaissait pas.

    « Constance, je suis là auprès de toi. Mon corps physique n'existe plus, mais mon âme, elle, demeure. Sois forte mon ange, la Terre a besoin de toi, de nos enfants. Un jour nous nous retrouverons. En attendant, il te suffit de m'appeler et je viendrai te réconforter. » lui dit Jean avec amour.

    Constance se laisse bercée par la voix de son époux, qui depuis l’au-delà continue à veiller sur elle. Une vague de mélancolie la traverse à l’idée que plus jamais elle ne se serrera tout contre lui. Alors Jean lui fait sentir encore plus fort sa présence et elle a presque l’impression qu’il la serre tout contre lui.

    « Merci mon amour d’être encore auprès de moi » dit-elle tout bas.

    - Je t’aime Constance et je serais toujours là pour toi. » lui répond-il dans un murmure.

    Revigorée elle reprend sa marche d'un pas plus résolu et poursuit son chemin. A peine arrivée elle embrasse chaleureusement ses enfants, la mine un peu plus réjouie et serre la petite contre son cœur.

    « Alors jeune fille, il semble que tu te nommes Anaïa. Bienvenue à toi ma douce enfant. Nous allons faire de notre mieux avec Yodanne pour honorer ton rang. Ton père de là-haut nous soutient. Je ne sais pas si je serais toujours à la hauteur... commence-t-elle une légère inquiétude dans la voix.

    - M'man je suis sûr que tu y arriveras », intervient Yodanne la voix rassurante, tout en la coupant dans son élan de s’apitoyer sur son sort. Puis en regardant sa sœur il l'accueil chaleureusement : « Bonjour petite sœur. J'aime beaucoup ton prénom. On va bien s'occuper de toi, t'inquiètes pas, lui dit-il sur un ton protecteur.

    - Nous allons devoir partir d'ici Yodanne, les guides m'ont demandé de garder la naissance d'Anaïa secrète ; dit-elle apaisée de se savoir si bien entourée malgré la mort de Jean. Rassemble tes affaires ensuite tu te couvriras et tu iras chercher Pignalon, tu l'harnacheras et l'attacheras près de la grotte, continue-telle d’une voix douce et assurée. Pardon de te demander tout cela, mais nous ne sommes plus que tous les trois maintenant, reprend Constance fière de voir son fils aussi courageux.

    - Ça va m'man. C’est OK pour moi ; répond Yodanne calmement. On a pas le choix et il faut bien que quelqu'un t'aide maintenant que papa n'est plus là », termine-t-il en hoquetant et en retenant les larmes qui humidifient ses yeux.

    Constance regarde son fils toujours aussi surprise par sa précocité. Son attitude confirme ses propos ; il a les traits plus détendu que lorsqu'elle est venue la première fois. Certes, elle lit la tristesse qu'il éprouve, dans ses yeux, mais il semble plus posé ; comme si pendant qu'elle était entrain d'enterrer son mari, Yodanne avait mûrit d'un coup. Elle l'enlace et le garde contre elle quelques instants, les larmes aux yeux. Reniflant tout en tentant de retenir le chagrin qui la submerge, elle essuie son nez avec sa manche et se ressaisit du mieux qu'elle peut. Constance serre son fils de tout son cœur et elle perçoit que lui même retient les sanglots qui veulent l'engloutir. Il cache sa tête tout contre sa mère et se laisse aller quelques instants à la douceur maternelle. Peu à peu, le rythme de sa respiration qui s'était accélérée s’apaise et il elle l'entend expirer profondément. Constance le laisse reprendre ses esprits, elle a bien conscience que malgré sa maturité c'est une grande épreuve qu'il traverse tout comme elle et Anaïa ; puis elle écarte son fils en gardant ses mains sur ses épaules et tente un sourire, qu'elle sent être plutôt lamentable. Constance pousse un grand soupire de résignation et se met en marche, il sera toujours temps de faire le deuil le moment venu, pense-elle.

    « Aller pas le temps de lambiner, je m'y remets. » dit-elle vigoureusement.

    Tous deux vaquent à leurs occupations pour préparer le départ. Les bagages prêts, Constance attelle Pignalon à la roulotte et charge les affaires. Ce qu'elle a reçu au sujet d'Anaïa est juste, elle le ressent au plus profond d'elle-même. Aussi en mémoire de Jean, elle continuera de s'occuper de ses enfants comme il se doit, de leur transmettre son savoir. Elle les installe puis les couvre chaudement. Pignalon est un bon cheval, elle sait qu'elle peut compter sur son calme malgré le déchaînement des éléments. Elle confie les rênes à Yodanne pendant qu'elle termine le nettoyage afin que nul ne voit l'ancienne présence de vie humaine dans cet abri et ses alentours. Elle fait un monticule de toutes les affaires qu'ils ne peuvent pas emporter, au milieu de la grotte, y verse un reste d'huile et allume le feu. Quand le brasier est bien enclenché, elle retourne à l'extérieur pour contrôler qu'il ne reste plus trace de leur activité. Elle démolit le cabanon de jardin avec rage et emmène tout le bois dans le feu, puis refait le tour pour vérifier qu'elle n'a rien oublié. Son travail achevé elle jette un dernier coup d’œil à l'intérieur de leur habitat. Elle ne peut empêcher une vague de nostalgie de monter en elle. Elle se revoit avec Jean et Yodanne et de nombreux souvenirs affluent. Elle se laisse emporter par eux, fuyant la dure réalité qui les attend. Quand la voix de Jean s'élève lui apportant le réconfort nécessaire.

    « Je sais que c'est dur Constance et que plus rien ne sera comme avant. Mais n'oublie pas, je suis là tout près de toi. » la rassure-t-il plein d'empathie.

    Constance essuie du revers de la main les larmes qui s'étaient autorisées à sortir, alors qu'elle se remémorait sa vie d'avant et se remet à l'ouvrage. Satisfaite de son œuvre elle rejoint ses enfants ; en passant devant la grotte afin de vérifier l'état du feu. Quasi tout ce qu'elle a mis à brûler est consumé et d'ici quelque temps, il ne restera que des cendres dans lesquelles nul ne pourra remonter leur existence. Elle part donc tranquille, sans se retourner, vers d'autres lieux, loin de toute vie humaine, sous le regard bienveillant du cerf qui les protège à distance. Ainsi commence la vie d'Anaïa. Une vie d'itinérance dans des endroits où seuls les animaux vivent. ; cachée de tous afin que nul ne la connaisse.

     

    * Alanoa *

     

    Les êtres magiques du clan de la lumière, dont Capucine fait partie, ont assisté désemparés aux derniers méfaits de l'ombre sur la Terre. Ils ont tout tenté pour sauver Héléna en utilisant leur magie pour lui ouvrir les yeux ; mais ni ce qu'ils ont fait, ni la visite d'Axide n'a été couronné de succès. Même le Grand Tout n'a pas pu intervenir ! Alors tant bien que mal, ils se résignent à attendre l'arrivée des cinq pour intervenir et inverser le cours des événements.

    Quant à Capucine, elle est inconsolable et sombre dans le désespoir. Malheureusement, plus elle se morfond, plus ses pouvoirs disparaissent. Ses comparses ne savent que faire pour l'aider. Eux qui ne connaissent point le doute sont déconfits ; d'autant que jusqu'à lors, ils étaient persuadés que ce type d'émotions, étaient démoniaques. Ils auraient juré que toutes personnes qui sombraient comme cela, à qui il arrivait moult malheurs, le méritaient. Qu'un tel acharnement du sort, ne pouvait être dû qu'à des forces obscures internes aux individus touchés. Ils étaient convaincus que si le sort se focalisait ainsi sur quelqu'un, c'était dû à un juste retour de manivelle. Mais en voyant les limbes dans lesquels Capucine plonge, ils prennent une bonne claque ; les obligeant à revoir leur façon de voir les choses.

    Ils connaissent tous Capucine et savent qu'elle a toujours œuvré pour le bien, comme sa sœur jusqu'à lors. Et ils ont été témoins des événements. Ils ne peuvent donc pas nier l'évidence : Capucine n'est pas responsable de ce qui lui arrive ! Ce n'est pas de sa faute si elle se sent si mal et c'est bien compréhensible qu'elle soit affecté de la sorte. En même temps qu'ils prennent conscience de leur erreurs, ils réalisent qu'en fait les jumelles sont victimes des plans monstrueux de Génard.

    Le clan de la lumière se rend compte qu'il a du pain sur la planche ; car il lui faut maintenant essayer d'aider Capucine à remonter la pente, et il ne sait absolument pas comment s'y prendre...

     

    *

    Héléna a laissé la haine l'envahir ; et grâce à cela, Génard a pu ensemencer son cœur de noirceur. Ce qui fut fait lorsque l’obscurité tomba sur la Terre. Héléna ensevelit sous les manipulations des démons, s'est laissé emporté en enfer entraînant avec elle l’humanité. C'est son rire à déchirer les âmes qui a traversé la planète ce jour-là, avant que le soleil ne réapparaisse.

    C'est ainsi que tout a commencé et qu'Héléna, oubliant ses origines, s'est mélangé au flot des humains. Elle ne garde de son ancienne vie que son prénom. Son apparence change, ses ailes ainsi que sa beauté disparaissent. Elle, qui avant tous ces changements, arborait du haut de son mètre quatre-vingt quelques rondeurs dont elle était fière, devient sèche. Ses os transparaissent sous sa peau quasi transparente.

    Héléna se regarde dans le miroir, les yeux démoniaques, et ricane à la pensée de ce qu’elle disait au sujet de ses rondeurs : « Elles sont la manifestation de l’amour qui déborde de mon cœur »

    « Comment ai-je pu être aussi mièvre ? » se dit-elle avec cynisme.

    Avant sa métamorphose ses yeux en forme d'amande étaient d’un vert délicat, ourlés de longs cils noirs qui renforçaient la beauté de son regard, ils s’harmonisaient parfaitement avec sa longue et souple chevelure auburn. Ses tâches de rousseurs lui donnaient un air enfantin. Du reste Capucine était la réplique parfaite d’Héléna. Elles étaient jumelles jusqu’au grain de beauté qui orne le lobe de leur oreille droite. À l’époque où elles étaient encore unies, seul leur caractère pouvait les différencier. Si Héléna était volubile et déterminée ; Capucine, elle, restait en retrait ; seule l'injustice la rendait hargneuse et tant qu'elle n'avait pas rétablit l'ordre, elle était imperturbable. Enfin cela, c'était avant que sa jumelle ne la châtie de sa vie.

    Héléna a teint ses cheveux en noir. Son visage maintenant émacié, son regard noircit par la colère et son besoin de vengeance, vont bien de pair avec son relookage. Parce qu’elle est convaincue que Capucine a assassiné l’homme qu'elle aimait, Génard a pu a pu rayer de sa mémoire son ancienne vie de fée. Héléna se sert maintenant de ses dons pour semer la discorde. Elle a une soudaine boulimie de pouvoir et d’argent, dans le seul but de faire disparaître la magie.

    La fée, ancienne membre du clan de la lumière, sait que pour parvenir à vivre sur Terre, les êtres magiques ont besoin qu'un grand nombre d'Hommes croient en eux. Dominer les humains est donc pour elle le meilleur moyen de faire disparaître ses anciens alliés de la planète bleue.

    Même la promesse faite à ses parents, Luny et Madeline, quelques centaines d’années auparavant est au rang des oubliettes tant son cœur est obscurci.

     

    * Vincent *

     

    Nous avons appris que les fées ont une espérance de vie de plusieurs millénaires, une de leur année correspond à un siècle pour nous. Les jumelles sont nées un beau matin de l’an 2023 avant Jésus-Christ, le sept décembre exactement à 11h11. Elles entament en cette année deux-mille-douze leur quarante et unième année ; c'est à dire quatre-mille trente-cinq années terrestre !

    Il est aussi important de vous informer que Génard comme le Grand-Tout, peuvent agir sur tous les plans grâce à leurs dons d'ubiquité. Ils ne sont pas « dupliqués » comme nous, explique-t-il très déterminé à transmettre le maximum d’informations pour venir à bout du démon.

    C'est uniquement pour cela que le démon a créé les univers parallèles. Ainsi, il se fait la main sur notre système solaire pour anticiper vos réactions et agir en conséquence, pour être sûr de vous exterminer. Seulement Génard pensait que ces autres Univers qu'il a créé seraient juste des laboratoires expérimentaux et qu'il pourrait les faire disparaître après ses recherches. Mais, il s'est trompé ! Nous sommes peut-être des « clones » conçus pour voir nos réactions, pour autant nous sommes bien des êtres à part entière, et il est hors de question pour nous de voir les plan de ce monstre aboutir ! Maintenant que nous existons, nous comptons bien profiter de la vie au maximum. Ce n'est pas parce que nous sommes, selon lui des cobayes, que nous ne pouvons pas interagir pour faire capoter ses plans. Cet imbécile de démon pensait qu'il pourrait nous manipuler facilement sans que l'on s'en aperçoive puis détruire sa création ; c'était sans compter sur le Grand-Tout et sur les lois scientifiques, explique Vincent satisfait que Génard finalement se trouve prit à son propre piège. Ce con de démon a oublié une règle fondamentale, dit-il avec ironie : « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ». Ce qui veut dire que quelque part nous existions déjà et maintenant que nous sommes là, bien en chair et en os, nous avons bien l'intention d'y rester, termine-t-il avec ténacité.

     

    * Alanoa *

     

    Revenons à la promesse des jumelles faite dans de bien tristes circonstances :

    Tout s'est passé lors d'un des innombrables combats entre les deux clans. Comme à leur habitude, Luny et Madeline, les rois et reines des fées, guerroyaient auprès de leurs troupes. Mais la différence, c'est que ce jour là, Héléna et Capucine étaient à leur côté ; et comme il s'agissait de leur première bataille, la couple royal était préoccupé pour la vie de leurs filles. À cause de cela, ça a été un des conflits les plus courtes de l’histoire, et pour cause !

    En effet, Luny et Madeline se sont fait piéger en beauté. En un rien de temps, ils se sont effondrés, comme un seul corps ! Quand les filles ont vu leurs parents succomber ainsi, elles se sont précipitées vers eux. Et sincèrement, nous avons tous eu peur de les perdre, car elles ne faisaient même plus attention aux attaques des démons ; mais il faut croire que ce jour là, elles n'étaient pas la proie du clan de l'ombre, car rien ne leur est arrivé !

    Les jumelles n'avait pas encore atteint leurs parents que deux xyloniens, Oulanda et Anori, se sont matérialisés devant eux. Le sang n'a fait qu'un tour dans les veines des filles car elles savaient que si les xyloniens venaient, l'heure était grave. Très vite la famille royale a été téléporté dans leur demeure pour les mettre en sécurité et soigner le roi et la reine.

    Les xyloniens sont les meilleurs guérisseurs du monde magique ; et ils ont tout mit en œuvre pour sauver le couple. Mais cela a été peine perdue. Luny et Madeline étaient condamnés. Oulanda et Anori n’ont pas tout de suite compris pourquoi leurs soins étaient inefficaces, et ils ont poursuivit leurs recherches pour comprendre les raisons de leur échec et voir s’il y avait un moyen de guérir les parents des jumelles. C'est ainsi qu'ils ont découvert que le sort jeté sur Luny et Madeline était irréversible ; et que tous leurs pouvoirs ne changeraient rien à cette triste issue.

    Plusieurs démons parmi les plus puissants, dont Génard, s’étaient unis, constatant le manque de vigilance du couple, pour jeter le sort de l’Auguenande. Ce sort ne fonctionnait que s’il était lancé simultanément sur le roi et la reine des fées par trois démons.

     

    On en a conclut que Génard avait certainement fait appel à sa voyance, et dû voir dans les yeux des crapauds la faiblesse de Luny et Madeline ; car l’Auguenande ne pouvait être utilisé qu’une fois tous les deux milles ans, qu’il ait atteint ou non sa cible !

     

    Ayant découvert les raisons de l'inefficacité de leurs soins, Oulanda très attristé s’est dirigé vers Madeline et Luny pour leur annoncer la mauvaise nouvelle.

    « Je suis désolé, nous ne pouvons malheureusement rien faire, avait-il dit tristement. Vous avez été frappé par l'Auguenande et tu connais aussi bien que moi l'issue inéluctable de ce sort. » avait-il conclut d’une voix blanche.

    Malgré son teint crayeux, sous l'effet du sort mortel qui l'avait atteinte, Madeline n'en gardait pas moins toute sa beauté. De taille moyenne, très menue, les yeux bleus, la chevelure dorée, elle s'étonnait toujours en pensant à ses filles ; qu'elles n'eurent point de ressemblance avec leurs parents. Ces dernières étaient le portrait craché de Florane, leur arrière-grand-mère paternelle. Même leur père dont les yeux étaient foncés comme la nuit, arborait une chevelure noire corbeau et ne dépassait pas le mètre soixante-quinze.

    Madeline a plongé son regard dans celui d'Oulanda ; elle savait voir son ami pour la dernière fois, aussi prit-elle le temps de l'admirer avant de lui répondre.

    Oulanda ; comme tous les habitants de la planète Xylon ; a plusieurs dons : télépathie, claire-audience, clairvoyance, guérison... et peut voyager facilement au travers l’espace-temps, faisant fi des distorsions physiques inhérentes à ce phénomène. Ces êtres luminescents de couleur indigo revêtent quelque différences par rapport à nous ; ils ont les pieds et les mains palmés et sont dotés de deux systèmes respiratoires qui leur permettent de vivre aussi bien dans l’eau que sur la terre ferme, leurs narines sont comme celles des poissons ; de plus à l’emplacement des oreilles, ils ont des opercules qui protègent leurs ouïes. Ils sont aussi dotés d’un troisième œil correspondant à l’emplacement du chakra du même nom chez les humains.

    Madeline a rassemblé toutes ses forces et sourit à Oulanda, puis d'une voix faible et lointaine, elle a prit la parole :

    « Je n'ai peur ni pour Luny ni pour moi. Mais pour nos filles. Que vont-elles devenir ? S'est-elle inquiété, alors qu'elle savait sa fin imminente.

    - Je te promets de rester auprès d’elles autant qu’il le faudra, a répondu Oulanda avec bienveillance.

    - Je ne puis accepter Oulanda, a répliqué la reine le plus fermement possible malgré sa faiblesse. Ton cœur est grand et vous nous êtes d’un immense secours. Mais si tu restes, tu mourras. Ce n'est pas une solution envisageable ! a-t-elle continué sur un ton qui était sans appel. Il faut trouver une solution qui soit viable pour tout le monde. »

    Oulanda était bien obligé de se ranger de l'avis de Madeline, car même si les xyloniens peuvent s’adapter à la vie terrienne quelques temps, l'atmosphère terrestre ne leur convient pas. En effet, Xylon est composée de quatre-vingt-dix pour cent d’eau d’une rare pureté et ses habitants vivent essentiellement en milieu aquatique. Madeline savait qu'Oulanda ne survivrait pas longtemps sur Terre. Elle reprend la parole avec difficulté :

    « Ton peuple se sacrifie suffisamment en se rendant mortel par le simple fait de quitter sa planète pour nous venir en aide, reprend-elle la voix faible. Je sais que de naissance vous êtes immortels et que vous réduisez considérablement votre espérance de vie et c'est tout à votre honneur, dit-elle d'un ton admiratif. Mais même nous les fées, qui sommes mortelles, vivons plus longtemps que ceux d'entre vous qui viennent au secours des autres peuples ! Et c'est peu dire quand on sait que du coup vous n'avez que cinq milles ans à vivre à cause de ça !

    - Tu as raison Madeline. C'est ce qui nous limite dans l'exploration de l'univers. En plus, nous ne pouvons pas passer plus de trois-cent trente-trois jours en dehors de Xylon, sinon nous mourrons bien avant l'échéance. Et j'ai bien entamé mon capital de ce côté là ! convient Oulanda gravement, tout en combattant le chagrin qui l'assaille de voir son amie dans cette état.

    - Oui, c'est bien ce qui me tracasse dit-elle d'une voix tremblante. Tu t'imagines bien que lorsque les filles vous ont vu, elles ont été choqué. Nous savons tous qu'à cause des risques qu vous encourez, vous n'intervenez qu'en cas d'extrême nécessité ; continue-t-elle vaillamment.

    - Mais jamais je n'aurais imaginer que ce serait pour vous voir partir, toi et ton mari ; répond Oulanda malheureux comme la pierre. Vos visites sur notre planète nous manqueront, affirme-t-il nostalgique. J'aurai tellement aimé pouvoir vous sauver tous les deux ! dit-il très affecté par la mort imminente de ses amis.

    - Oulanda, le temps nous est compté, dit Madeline dont la voix est de plus en plus éteinte. Que penses-tu de Xsanda ? Avec Luny, nous avons toujours pensé à lui au cas où il nous arriverait quelque chose ; termine-t-elle épuisée par l'effort.

    - Vous ne pouviez pas mieux choisir ! » affirme Oulanda soulagé de savoir que les jumelles seront entre de bonnes mains.

    C’est ainsi qu’avant de s’éteindre Madeline et Luny ont confié la régence du trône et l'éducation de leurs filles à Xsanda. Ensuite ils se sont entretenu avec les jumelles pour leur faire promettre de rester toujours unies et de garder en tête ce pourquoi les fées étaient sur Terre. Capucine et Héléna avaient juré de rester soudées quoi qu'il advienne.

    Malheureusement ce que la mort de leurs parents n’avait pas réussi à faire, la perte de celui à qui Héléna avait donné son amour y est parvenu et c'est ainsi qu'elle a renié sa sœur comme vous le savez maintenant. Mais reprenons le court des éventements :

     

    *

    Les xyloniens depuis leur planète veille aux événements qui ont lieu sur terre et tout en regardant sa femme et ses enfants s’ébattre dans l’eau cristalline, jouant avec les dauphins ; Oulanda, assis sur un petit îlot où poussent des fleurs de toutes les couleurs, est très préoccupé.

    Les xyloniens vivent en parfaite union avec leur environnement. Ce qui leur permet de pouvoir s’amuser avec tous les êtres vivants qui habitent leur planète. Cette cohabitation est possible grâce à leur seule source de subsistance ; puisqu'ils la puisent dans l'énergie environnante.

    Xylon est une planète magnifique qui accueille une grande diversité d’animaux aquatiques. Oulanda aime tout particulièrement les poissons eydoniens. Ce sont des poissons de grande taille qui mesurent plus d'un mètre cinquante, certains pouvant atteindre jusqu’à deux mètres dix. Ces poissons ressemblent aux poissons arc-en-ciel vivant sur Terre, en bien plus grand et sont très sociables. Il n’est pas rare de les voir se joindre aux jeux des dauphins et des xyloniens. Dans les eaux de Xylon vivent aussi des sirènes qui ont dû quitter les eaux trop polluées de la Terre pour pouvoir survivre.

    Les dix pour cent du territoire qui ne sont pas recouverts d'eau, sont constitués de petites îles où l’on trouve à profusion des fleurs rivalisant de beauté les unes avec les autres, quelques arbres aux feuilles d’or qui scintillent et se miroitent avec délicatesse sur les eaux paisibles. Nombre d'oiseaux multicolores vivent dans cette végétation et se nourrissent exclusivement de baies issues des petits arbustes qui poussent de-ci de-là.

    Xylon est une planète invisible ; seuls ceux qui sont choisis par les xyloniens peuvent la voir. Grâce à cela même Génard ne peut les atteindre ni les voir dans ses prédictions, même s'il a connaissance de ce peuple.

    Oulanda est heureux de sa vie. Mais les événements qui ont lieu sur Terre le remplissent d’inquiétude, l’empêchant de profiter pleinement de toutes ces joies. Il sait, comme tous les xyloniens, ce qu’implique le passage du cap de l’an 2012 sur Terre. Il connaît l’impact de la discorde entre les sœurs. La prédiction d’Aurore est en route et malheureusement cela remet non seulement en cause l’avenir des terriens, mais aussi celui de bien d’autres planètes. Il ne peut s'abstenir de penser à ses jumelles et de faire le parallèle avec les jeunes fées. Il ne sait pas comment il réagirait c’était ses propres filles qui se retrouvaient dans cette situation. D'autant que dans son peuple, il est très rarissime de donner naissance à des jumeaux et encore plus à des filles. Certes, cet état de fait empêche la surpopulation, ce qui n'est pas plus mal, se dit-il quand on voit les problèmes que cela cause sur les planètes concernées par cette question ; mais cela leur pose aussi un gros soucis quant à la continuité de leur peuple. Et même si c'est une ethnie qui ne connaît pas le sexisme, les rares femmes de leur planète restent toujours sur Xylon afin que leur race ne s'éteigne pas.

    Tout à ses pensées, il n'entend pas Anori qui vient le rejoindre. Son air grave ne fait que confirmer ses craintes. Anori lui transmet les dernières images qu’il a reçues concernant les actes d’Héléna. Oulanda est atterré car il sait qu’il ne peut actuellement intervenir d’aucune manière. Il laisse à contrecœur sa petite famille et se téléporte avec Anori dans leur ville sous-marine où les xyloniens doivent se réunir pour se préparer à leur future intervention quand le moment sera venu.

    Une muraille de coraux d’une magnificence extraordinaire forme un cercle autour des habitations des xyloniens. Les maisons sont faites avec d’immenses coquillages dont les mollusques ont disparu depuis déjà des millénaires, ne laissant derrière eux que leur squelette externe qui pourvoient parfaitement aux besoins des habitants de la planète Xylon.

    Ténatol le plus ancien des xyloniens, les attend devant la muraille, le regard soucieux.

    « Cela n'est pas de bon présage » ; cogite Oulanda en le voyant ainsi préoccupé.

    - Ténatol le regarde attentivement et hoche de la tête, comme pour confirmer ses pensées. Il passe ses bras autour des épaules des deux xyloniens qui viennent de le rejoindre et tout en se dirigeant vers le lieu où se déroule l'assemblée, il s'adresse à Oulanda ; commentant les dernières actions d’Héléna.

    « Oulanda je ne peux que confirmer tes craintes. Nous ne pouvons, pour le moment, entreprendre aucune action pour inverser le processus lancé par Génard ; dit-il d’une voix profonde. Il a réussi à séparer les sœurs, poursuit-il tristement. Héléna est indubitablement une des leurs. Nous devons nous préparer aux événements à venir. »

    Parvenu parmi leurs congénères les trois compères s'installent et ouvrent les pourparler :

    « Afin de nous préparer au mieux, je souhaite que chacun me donne le nombre de jours qu’il a déjà passé à l’extérieur de Xylon ; commence Ténatol tendu. Nous devons constituer les équipes pour un séjour prochain sur Terre, dit-il d’une voix pondérée. Je ne vous cache pas que la partie va être serrée et que nous risquons de connaître beaucoup de perte parmi les nôtres. Alors avant de vous enrôler, réfléchissez bien aux conséquences de votre engagement ; annonce-t-il d'une voix lugubre.

    - Ceux qui ont passés trop de jours sur les autres planètes resteront à s'occuper des enfants, ajoute Anori avec fermeté. Nous ne pouvons pas nous permettre de voir l'un des nôtres mourir de manière absurde ; la continuité de notre peuple en dépend. Nous aurons déjà de la chance si nous revenons tous vivants, au vu de ce que vient de nous dire Ténatol ; poursuit-il avec gravité.

    Ténatol acquiesce. En effet, les xyloniens qui voient leur immoralité réduite à une grande longévité dès qu’ils quittent leur planète ont aussi un grand problème : les femmes ne peuvent avoir que deux enfants durant leur longue vie et leur peuple ne compte pas plus d’une centaine de mille de xyloniens tout âge confondus ; dont à peine trente-mille femme. Ainsi tous les hommes de leur espèces n'ont pas la chance d'avoir une compagne durant leur longue vie. Même si les xyloniens sont fidèles à leurs partenaires et restent ensemble jusqu'à la disparition d'un des deux ; pour éviter des problèmes de consanguinité ; les couples sont formés avant même leur naissance. Enfin, pour ainsi dire, car les xyloniens veillent à ne pas se reproduire entre même lignée, ce qui laisse tout de même une certaine amplitude quant au choix de son conjoint. Et jusqu'à lors aucun ne s'est plaint, car à tout les coups, l'amour est au rendez-vous.

    Ténatol déterminé regarde les siens et reprend la parole ; afin d'organiser les prochaines expéditions :

    « Lorsque les cinq feront leur apparition dix d'entre vous partiront ; explique-t-il. Anori, Oulanda, vous partirez vous aussi avec les dix premiers, dit-il énergiquement. Nous allons continuer à superviser les actions d’Héléna. En même temps nous surveillerons l’évolution des cinq dès leur naissance, continu-t-il dans sa lancée. Oulanda tu désigneras ceux des nôtres qui protégeront les cinq lors de leur arrivée. Il est essentiel de ne pas attirer l’attention d’Héléna. L'idéal serait de les veiller de notre planète. Nous n'interviendrons que si un des enfants est en danger, termine-t-il avec sagesse.

    - Entendu Ténatol », répond Oulanda très respectueux de l’ancien, avant de poser une dernière question, « As-tu idée d’où les cinq vont apparaître ?

    - Oui. Je connais les lieux où ils viendront au monde. Mais je n’ai pas de précision quant à la date exacte de leur naissance. Nous devrons certainement jouer avec le temps pour réaliser la prophétie… » commente Ténatol avec une pointe d’inquiétude dans la voix.

    Chacun sait sur Xylon que de l'intervention de ces enfants d'humains dépend aussi l'avenir de leur planète comme celui du multivers. Pourtant même si actuellement la situation est très critique sur Terre cette révélation rassure tout le monde.

     

    * Vincent *

     

    Nos scientifiques terriens, tout particulièrement ceux qui étudient l’astrophysique ont déjà fait de grandes découvertes quant à l'évolution de l'univers, ils ont même mis en évidence l’existence de multivers, ce dont vos scientifiques commencent à parler. Ils ont pu ainsi mesurer l’expansion et étudier nombre des constituants qui les englobent, comme les supernovas. Récemment, ils ont découvert les univers parallèles et ont vu qu'ils étaient nés depuis peu sur l’échelle du temps. Même si leurs découvertes vont de plus en plus loin depuis le big-bang jusqu'à nos jours, repoussant inlassablement les limites de la connaissance, dénouant peu à peu certains mystères, cela les laisse très perplexes. Ils se demandent encore comment il est possible que des univers parallèles aient pu se former, d’autant que cela ne rentre pas dans leurs bases de calculs.

    Ainsi dans notre monde existe une grande polémique entre nous qui savons et ceux qui refusent de voir l’existence de d’autres formes de vie. A cause de leur refus de voir, il est une constante que nos experts n'ont pas encore mit en évidence et qui aurait pu tout changer ; celle-là même qui motive les actes de Génard !

     

    * Alanoa *

     

    Nous sommes en 2015 et ça fait déjà trois ans que le combat dans les grottes a pris fin. Génard voit Héléna agir de manière étrange. Il n'a pas imaginé jusqu'où irait sa réaction face à la douleur de perdre son amour. Il n'y connaît rien, lui, dans les sentiments. Tout ce qui le réjouit, c'est de voir se répandre le chaos, la violence, les guerres, l'horreur. Car cela nourrit l'expansion. Malgré tout, l'horizon lui semble prometteur. Les actes de la fée encore plus.

     

    Héléna s'installe en Amérique et progressivement elle se fond dans la masse humaine. Elle fomente des troubles de plus en plus immondes tirant les ficelles des institutions secrètes. Attentats, guérillas, accidents se succèdent à une vitesse vertigineuse pour entretenir une ambiance de peur ; tandis que face au public elle se fait porte-parole des peuples persécutés. Héléna manipule tellement bien qu’elle devient une effigie de grand renom.

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 19 Août 2019 à 11:42

    Qu'  il est  compliqué   de tenir  compte  des caractères des uns   et  des autres  dans  les circonstances   de la vie !

     Alors  ici,    c' est  pire encore !

     Passe une bonne  journée

      Bises

     

      • Samedi 24 Août 2019 à 14:49

        et pourtant  ; cela peut tout à fait être le reflet de la réalité ...

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